Le thème officiel de la Semaine QVCT 2025 consacre l’expression collective comme priorité. Les espaces de dialogue structurés transforment la perception du travail réel et l’engagement organisationnel.
« Parler du travail » : pourquoi l’ANACT en fait sa priorité
L’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) a défini « Parler du travail, c’est productif ! » comme thème central de la Semaine QVCT 2025, organisée du 16 au 20 juin. Cette orientation marque un tournant stratégique vers la mise en discussion de l’activité réelle.
Selon une étude Ipsos et Qualisocial (2024), 88% des collaborateurs accordent une place significative à la qualité de vie et des conditions de travail. Pourtant, à peine la moitié (48%) considère que leur employeur prend réellement en compte la QVCT dans leur environnement de travail.
La Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) souligne que les espaces de discussion sur le travail (EDT) permettent aux agents de tous corps et catégories de s’exprimer sur des situations nécessitant des améliorations. L’enjeu dépasse le secteur public : structurer l’expression collective devient une nécessité organisationnelle.
L’évolution terminologique de QVT vers QVCT traduit cette exigence. L’ajout de la mention « conditions de travail » acte la fin du modèle du « bonheur au travail » qui prétendait changer le travail par des gadgets, alors qu’il ne faisait que le contourner.
Au-delà des baromètres : l’art du dialogue sur l’activité réelle
Les traditionnels baromètres sociaux restent des outils de mesure indispensables. Un baromètre social identifie des problématiques telles que les risques psychosociaux, les dégradations des conditions de travail ou les tensions liées aux transformations organisationnelles. Cependant, l’expression directe sur l’activité de travail représente un levier complémentaire plus opérationnel.
Selon l’ANACT, les espaces de discussion permettent de discuter ensemble sur l’expérience de travail et ses enjeux, les règles de métier, le sens de l’activité, les ressources et les contraintes. Cette discussion porte sur l’activité réelle de travail et se déroule suivant un cadre et des règles co-construites.
La différence est substantielle : là où un baromètre social révèle des dysfonctionnements, l’espace de dialogue co-construit les solutions. Cette discussion favorise la reconnaissance du travail, une dynamique de développement professionnel, et permet de résoudre des problèmes ponctuels en prenant conscience des compétences acquises par l’expérience.
L’ARACT Pays de la Loire précise que « parler du travail » consiste à partager concrètement ce que l’on fait, comment on le fait, ce qui facilite ou freine l’activité, et les effets ressentis. Cette discussion collective permet de mieux coopérer et d’améliorer à la fois la santé des opérateurs et la performance.
Méthodologies expertes pour structurer l’expression collective
La mise en œuvre d’espaces de dialogue nécessite une ingénierie rigoureuse et des compétences spécialisées. Ces dispositifs, construits sur l’idée que les agents sont les experts de leur travail, privilégient l’approche collective pour sortir des représentations individuelles et des jugements de valeur.
L’approche méthodologique repose sur plusieurs principes structurants. L’animateur d’un espace de discussion accompagne un processus de réflexivité des participants sur le travail et d’élaboration de pistes d’amélioration. Il doit maîtriser la conduite d’un espace de discussion de l’amont à l’aval et développer une posture facilitant les échanges.
Des organismes spécialisés accompagnent cette transformation. Un cabinet de conseil RPS peut structurer ces démarches en s’appuyant sur des diagnostics managériaux approfondis et des outils digitaux de pilotage social. Ces expertises permettent de dépasser l’expression spontanée pour créer de véritables dynamiques d’amélioration continue.
La formation aux espaces de discussion devient indispensable pour les professionnels RH. Les programmes incluent l’apprentissage de la méthodologie recommandée par l’HAS et l’ANACT, avec simulation d’espaces de discussion et cas pratiques adaptés aux situations professionnelles.
Retours d’entreprises : quand la parole libérée transforme l’organisation
Les expérimentations terrain démontrent l’efficacité de ces approches. L’ANACT observe que les établissements dans lesquels l’information donnée aux élus du personnel est bonne sont plus performants que ceux où la qualité de l’information est jugée insuffisante.
L’impact organisationnel se mesure concrètement. Les entreprises ayant déployé des démarches QVCT observent 4,6 fois plus de salariés engagés et constatent que les organisations deviennent plus performantes (71%). Les bénéfices dépassent le simple bien-être : la qualité du dialogue professionnel influence directement la performance collective.
Un cabinet de conseils en QVCT peut accompagner cette transformation en structurant les espaces d’expression et en objectivant les signaux faibles. L’expertise méthodologique permet de transformer les ressentis en plans d’action concrets, tout en maintenant la confidentialité et la rigueur scientifique.
L’ANACT souligne qu’améliorer la QVCT consiste à permettre à tout le monde de faire du « bon travail » en donnant à chacun la possibilité de s’exprimer et d’agir sur son travail, tout en participant aux évolutions de l’organisation.
Défis et perspectives du management conversationnel
L’évolution vers un management conversationnel soulève des enjeux complexes. Selon l’enquête Qualisocial (2024), 88% des Français considèrent la QVCT comme « prioritaire » (54%) ou « importante » (34%), leurs attentes concernant avant tout la santé et les relations au travail.
Cette attente crée une responsabilité managériale nouvelle. Le dialogue social contribue au sens du travail et à sa qualité. Il garantit son utilité économique et sociale pour le bien commun. Le bien-être de salariés respectés, écoutés, reconnus se traduit dans la qualité de vie au travail, la productivité et la compétitivité.
Les obstacles persistent néanmoins. L’accord national interprofessionnel QVT de 2013 insiste sur le fait que parler du travail s’organise et impose la création d’une ingénierie spécifique. Cette exigence technique explique pourquoi toutes les initiatives ne rencontrent pas le succès escompté.
L’enjeu pour 2025 réside dans la professionnalisation de ces approches. La structuration d’espaces de dialogue authentiques nécessite des compétences transversales alliant psychologie du travail, animation participative et pilotage stratégique. Cette convergence de savoirs distingue les démarches cosmétiques des transformations durables.
Sources :
- ANACT : https://www.anact.fr/la-semaine-qvct-2025-en-pays-de-la-loire
- France Travail : https://www.francetravail.org/accueil/actualites/2024/qvct–quand-le-monde-de-lentreprise-prend-le-sujet-a-bras-le-corps.html
- Fonction Publique : https://www.santetravail-fp.fr/qualite-de-vie-au-travail/mettre-en-place-des-espaces-de-discussion-sur-le-travail
- ANACT Kit EDT : https://www.anact.fr/mettre-en-place-des-espaces-de-discussion
- Qualisocial/Ipsos : https://www.rhmatin.com/qvt/bien-etre-travail/qvct-une-prise-en-main-inevitable-face-au-desengagement-au-travail.html