Depuis quelques années, le monde du travail tend à redéfinir ses principes et son équilibre. Alors que l’on fait usage depuis longtemps de la notion de compétence, incluant l’ensemble de savoir-être et des savoir-faire des collaborateurs, le terme de soft skills est assez récent. Il insiste sur le caractère majeur des traits de personnalité pour l’employabilité d’un individu et son inscription dans le collectif. Cela implique de poser un regard tout à la fois holistique et économique sur l’individu.
Pourquoi parler de soft skills ?
Les soft skills ou “compétences comportementales, transversales et humaines” selon Fabrice Mauléon et Julien Bouret ,auteur du livre Le réflexe soft skills : les compétences des leaders de demain, sont aujourd’hui au centre de la pensée du travail et du management. Elles permettent de marquer le changement d’attente des organisations vis-à vis des collaborateurs. Il n’est plus seulement question de posséder un certain capital humain (culture, paraître….) mais d’enrichir, de faire évoluer ses aptitudes personnelles au travail : gestion du stress, confiance en soi, esprit créatif et visionnaire, communication, empathie…
Les dernières études sont éloquentes à ce sujet : une étude réalisée par Cadremploi et Micheal Page en 2019, affirme que 62% des cadres et dirigeants déclarent être prêts à recruter des collaborateurs principalement sur leurs soft skills. La DARES (Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des statistiques) montre que 60% des critères requis pour la qualification d’un emploi relèvent des softs skills.
Par ailleurs, une étude menée par Albandea et Giret sur “l’impact des soft skills sur le marché du travail” et publiée par le CEREQ (Centre d’étude et de recherches sur les qualifications) montre que les jeunes diplômés de niveau Master sont d’autant mieux rémunérés qu’ils possèdent certaines compétences relationnelles et sociales, notamment la persévérance, l’estime de soi, la prise de risque et la communication. « Ces compétences particulières influencent non seulement le niveau de rémunération mais aussi l’insertion des jeunes diplômés et leur satisfaction » [pour plus d’informations, vous pouvez consulter l’article]
Les différentes soft skills
- Autonomie et sens du service. Le travail hybride, le développement du flexoffice … ne sont possibles que pour autant que les salariés sont autonomes. Cette flexibilité du monde du travail implique aussi que chaque salarié se sente appartenir au collectif et n’hésite pas à changer de casquette le temps d’un instant pour aider un collègue.
- Résolution de problème complexe, jugement et prise de décision : face à un monde changeant, mondialisé et connecté, les collaborateurs doivent pouvoir faire face à la résolution de problèmes de plus en plus complexes. Le manager doit non seulement penser le problème et ses solutions mais aussi agir, et faire preuve par conséquent d’une capacité décisionnelle forte. Ce qui permettra de porter le projet à son terme.
- Esprit critique et esprit d’équipe. Le premier permet de conduire efficacement un raisonnement analytique et déductif mais également d’observer avec soin l’ensemble des phénomènes afin de juger au mieux une situation. Il n’implique pas pour autant une position de méfiance avec l’ensemble de ses collègues. C’est pourquoi, le collaborateur doit également faire preuve d’un esprit d’équipe, savoir penser collectif, se soucier de la cohésion du groupe et attribuer les réussites comme les échecs à l’équipe.
- Créativité. Un esprit inventif est producteur de valeur ajoutée pour une entreprise. Cela permet de faire émerger du nouveau (des idées, des relations, des propositions…) et de trouver plus aisément des solutions à des problèmes.
- Intelligence émotionnelle. Grâce à l’intelligence émotionnelle, le collaborateur lit plus aisément le contexte et comprend mieux ses émotions et celles des autres. Partant, il peut cultiver une certaine distance avec des affects parfois nocifs pour l’entreprise et mieux gérer des situations de stress.
- Aptitude à la négociation et esprit d’entreprendre. Cela implique de concilier à la fois implication, audace, pugnacité et en même temps l’écoute et l’intégration des autres points de vue pour pouvoir trouver des solutions.
- Flexibilité et capacité d’adaptation.Elles permettent de s’adapter aux personnes et aux évènements mais aussi d’être résilient face aux imprévus. Dans un monde en mutation constante, la flexibilité est une règle d’or.
- Empathie. Se mettre à la place de l’autre, comprendre ce qu’il vit, sont des principes fondamentaux de la communication.
- La confiance en soi mais également dans le monde et les autres. Un manager ne pourra se reposer sur ses équipes et mener à bien un projet que pour autant qu’il a confiance en ses équipes mais également en l’avenir.
- Motivation et visualisation. Un manager doit être capable de développer une vision à long terme des principaux enjeux de l’entreprise. Ce n’est que de cette façon qu’il pourra transmettre son énergie et sa motivation à son équipe.
Comment mettre à profit les soft skills dans le monde du travail?
- En tant que recruteur, comment les reconnaître ? Il est parfois compliqué d’identifier ce type de compétence. Néanmoins, vous pouvez vérifier, à minima, que le candidat dispose des soft skills en accord avec les valeurs de l’entreprise. Par ailleurs, composer une équipe en prenant en compte les soft skills, harmoniser les caractères de chacun, permettent d’établir des complémentarités, de développer la productivité en valorisant les dynamiques de groupe.
- En tant qu’employé, comment les valoriser sur son CV ? Il est possible de leur dédier un espace spécifique sur votre CV en expliquant pourquoi vous pensez posséder certaines de ces compétences tant désirées. Il est aussi possible, lorsque vous détaillez vos différentes expériences, de mentionner les compétences qu’elles vous ont permis de développer.
- Comment développer ses soft skills ? Qualités et fonctionnements souvent inconscients, les soft skills peuvent se développer si on y fait attention, qu’on étudie ses propres modalités de fonctionnement. Cette préoccupation touche aujourd’hui un grand nombre de salariés. Pour preuve, les formations ayant pour thèmes le développement personnel sont très demandées, elles arrivent en deuxième position, juste après les langues.